ANKH: Egyptologie et Civilisations Africaines
 Egyptologie, histoire de l'Afrique et sciences exactes
 Egyptology, Africa History and Sciences
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Histoire de la Nubie

 

1. Cadre géographique et peuplement
2. Sources archéologiques
3. Le Néolithique
4. Le «Groupe A»
5. Le «Groupe C»
6. Le Royaume de KERMA
7. Le Royaume de NAPATA
8. Le Royaume de MEROE
9. Christianisation de la Nubie
10. Islamisation de la Nubie

 

    1. Le cadre géographique et le peuplement

 

"Historiquement, comme en font foi les plus anciens textes égyptiens, la Nubie commençait, lorsque l'on venait du nord, un peu après El-Kab. En effet, la province égyptienne située entre Thèbes et Assouan porta longtemps le nom de "Pays de l'Arc", en égyptien ancien Ta-Seti, qui traditionnellement dans les documents hiéroglyphiques désigne ce que nous appelons la Nubie" (S. Adam & J. Vercoutter, cf. L'Histoire Générale de l'Afrique, Paris, JA/Stock/UNESCO, 1980, chapitre 8, p. 241).

 

Ta-Seti : le Pays de l'Arc, désignation du premier nome d'Egypte

 

II convient alors de remarquer que le site des nécropoles royales les plus anciennes d'Egypte se trouvent à Hiérakonpolis, situé légèrement au sud de El Kab donc en Nubie. On peut rappeler à ce propos le témoignage de l'historien grec Diodore de Sicile (circa 63 (?) avant notre ère, 14 après) :

 

"Les Ethiopiens disent que les Egyptiens sont une de leurs colonies qui fut menée en Egypte par Osiris. Ils prétendent même que ce pays n'était au commencement du monde qu'une mer, mais que le Nil, entraînant dans ses crues beaucoup de limon d'Ethiopie, l'avait enfin comblé et en avait fait une partie du continent ... Ils ajoutent que les Egyptiens tiennent d'eux, comme de leurs auteurs et de leurs ancêtres, la plus grande partie de leurs lois" (Diodore de Sicile, Histoire Universelle, Livre III).

 

Remarque importante : Les Ethiopiens, au sens des Auteurs anciens grecs et latins, sont les Nubiens.

 

L'étymologie du mot Nubie est le terme égyptien ancien Nub qui signifie or en égyptien ancien : l.

 

Poids découverts à Uronarti au Soudan (vers 1950 av. J.C.) portant le hiéroglyphe del'or  l : nub

 

Le toponyme de Koush qui renvoie à la Nubie est souvent rencontré :

 

"C'est à partir du second millénaire av. J.C. que les textes pharaoniques commencent à mentionner le toponyme Koush. Il servait à désigner une entité socio-politique de la Haute Nubie dont la constitution a eu lieu entre 2200 et 2000 av. J.C." (Babacar Sall, "L'avènement des Candaces", Ankh n°3, juin 1994, pp. 68-81, voir aussi : Babacar Sall, Les racines Ethiopiennes de l'Egypte ancienne, Paris, Khepera/L'Harmattan, 1999).

 

Le Soudan actuel recouvre un grande partie de la Nubie de l'antiquité Nubio-égyptienne. L'étymologie de Soudan pourrait être la lecture de l'expression égyptienne n y swt (qui désigne la royauté et signifie "qui appartient au Sud") dans l'ordre apparent des signes hiéroglyphiques, ce qui donnerait Souten > Soudan (?) (cf. C. A. Diop, Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981, p. 136).

 

Il faut noter l'existence de plusieurs a priori de la part de nombre d'historiens et égyptologues concernant les liens entre la Nubie et l'Egypte pharaonique, visant à opposer de manière arbitraire Nubiens et Egyptiens anciens au plan ethnique :

 

- Le caractère supposé presque infranchissable des cataractes agissant comme autant de cloisons quasi-étanches entre la Basse vallée du Nil et l'Afrique central vis-à-vis des mouvements de population,

 

- Une supposée occupation déterminante de la vallée du Nil par des populations venues du Nord,

 

- L'existence à certaines périodes de relations conflictuelles entre la Nubie et l'Egypte anciennes,

 

Les expressions du type «  Soudan, au pays des pharaons noirs », «  Les pharaons noirs de la XXVème Dynastie », «  Des pharaons venus d'Afrique »que l'on rencontre souvent témoigne de la persistance de ces postulats idéologiques qui veulent à tout prix faire des Egyptiens anciens des non-Noirs, en dépit des découvertes archéologiques et des travaux notamment des chercheurs africains : C. A. Diop, T. Obenga, B. Sall, A. M. Lam, ... voir en particulier le rapport du Colloque d'Egyptologie du Caire, (1974), les différents numéros de la revue ANKH et l'ouvrage de Babacar Sall, Les racines Ethiopiennes de l'Egypte ancienne, (Paris, Khepera/L'Harmattan, 1999).

 

Les cataractes, le Batnel-Haggar («  Le ventre de pierres ») : région rocheuse en amont de la 2ème cataracte.

 

 

2.  Sources archéologiques

Auteurs de l'Antiquité : Diodore de Sicile, par exemple.

1720 Père Jésuite Claude Sicard : relève du Temple de Philae.

1738 Le Danois Frderik Norden -> Ruines. S'arrête à Derr.

1790 James Bruce -> Ruines de Méroé (Travels to Discover the Sources of Nile).

1812 John Lewis Burckhardt (Suisse) -> Temple d'Abou Simbel, Meroé (Travels in Nubia).

1817 Belzoni (Italien) -> Abou Simbel.

1820-21: Fréderica Cailliaud (Voyage à Méroé et au Fleuve Blanc), Louis Linant de Bellefonds, Bankes, Giovanni Finati -> Khartoum.

1828 : Champollion-le-Jeune -> Ouadi-Halfa : Monuments d'Egypte et de Nubie.

1832-1840 : Ipollito Rosellini -> Monument dell'Egitto e della Nubia.

1844 : Karl Lepsius (Allemand) -> Méroé, Napata, Gebel Barkal (Denkmäler aus Aegypten und Aethiopen)

1892 : Sir Henry Lyons -> temple de Bouhen, forteresse de Mirgissa

1907 : Sir Ernest Budge -> Egyptian Sudan.

1906-1908 : Henry Breasted -> Temples of Lower Nubia, Monuments of Sudanese Nubia.

1899-1907 : George Andrevv Reisner -> Archeological Survey of Nubia 1907-1908.

1910 Randall-Maclver -> Oxford Excavations in Nubia : Areuka, Karanog, Bouhen.

1911 John Crovvfoot -> The Island ofMeroe

1912 Griffith -> Meroïtic Inscriptions.

1913-1916 : Reisner -> Havard-Boston Archaeological Expedition to the Nothern Sudan : Kerma.

1929-1931 : VValter Bryan Emery -> Archeological Survey of Nubia. Royal Tombs of Ballana and Qustul.

1960 : Campagne pour la Sauvegarde des Sites et des Monuments de Nubie, UNESCO.

1960 : Dows Dunham -> Royal Cemeteries of Kush, Second Cataract Forts.

1978, Jean Leclant à Soleb

Actuellement : Peter Shinnie -> Méroé (métallurgie du fer), Charles Bonnet, Dominique Valbelle -> Kerma, Jacques

Reinold -> préhistoire : Kadruka.

 

Les principaux sites nubiens du Sud vers le Nord :

 

Naga
Méroé
Nuri
Gebel Barkal
Napata
El Kourrou
Dongola
Kerma
Soleb
Sedeinga
Bouhen
Qustul
Faras
Nabta Playa
Philae
Hiérakonpolis

 

 

   3. Le néolithique : 5000-3400 av. J.-C.

 

Sites : Khartoum (Kadero), EI-Kadada.

Activités : chasse, pêche, domestication des animaux, agriculture.

Nécropoles : installées en hauteur sur des buttes. Plusieurs milliers de tombes.

Culture matérielle : céramiques, parures, outillage lithique, ...

 

 

 

  4. Le « Groupe A » : 3500-3050 av. J.-C.

 

Sites : Basse Nubie

Activités : chasse, pêche, domestication des animaux (elevage ?), agriculture.

Organisation sociale : semi-nomadisme, campements temporaires

Habitat : huttes hémisphériques (roseaux + paille, paves de pierre)

Nécropoles : puits ovales ou rectangulaires surmontes d'un tumulus en pierre

Culture materielle : céramiques, parures : bracelets, colliers, amulettes, pendentifs en ivoire,

coquillage, faïence, pierre, ... Poterie ridée (rippled ware). Brûle-Parfum de Oustul montrant les

éléments symboliques de la royauté. Préfiguration de la royauté égyptienne.

Relations étroites avec la Haute Egypte : Echange de produits.

 

   Tombes : Wadi Kubbaniyeh – Batn el Haggar. Textiles, cuirs, colliers, barbes postiches

 

 

  5. Le «  Groupe C »

 

Sites : Aniba, Faras, ...

Activités : Chasse, pêche, élevage, agriculture.

Organisation sociale : Stratification sociale apparaissant dans les grandes nécropoles

Habitat : villages avec maisons construites en pierres. 

Nécropoles : Puits ovales ou rectangulaires surmontés de dalles en pierre, stèles plantées dans le sol.

Culture matérielle : céramiques, parures : bracelets, colliers, amulettes, pendentifs en ivoire,

coquillage, faïence, pierre, ... Poterie ridée (rippledvvare), vêtements (pagnes), sandales, ...

Relations avec l'Egypte : mentions faites dans les textes égyptiens de l'Ancien Empire. Influences égyptiennes.

 

 

Brûle-parfum de Qustul montrant un souverain

"Excavations between Abu Simbel and the Sudan frontier, part I – The A-group royal cemetery at Qustul : Cemetery L", University of Chicago, Oriental Institute Nubian Expedition, Vol. III, Chicago, 1986. Voir aussi ANKH, n° 6/7, 1997-1998, pp. ).

 

 

  6. Le royaume de KERMA 2500-1500 av. J.-C.

Sites : Kerma, juste en amont de la 36"18 cataracte (Haute Nubie)

Activités : Chasse, pêche, élevage, agriculture, commerce, ateliers métallurgiques (broziers) et potiers, ...

Organisation sociale : Etat -> royaume de Koush.

Habitat : urbanisation, complexes architecturaux (palais, entrepôts, ..., systèmes défensifs (fosses, murs), édifices cultuel: deffufa (chapelle d'une tombe princière).

Nécropoles : sépultures pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres de diamètre, surmontées d'un tumulus de dalles en grès et quartz blanc ; richement équipées : mobilier (siège, coffrets, tables, ...), bijoux, objets en bronze, armes (poignards, couteaux), céramiques, bucranes, animaux.

Relations avec l'Egypte : Puissant voisin de l'Egypte. Pharaons contemporains : Sesostris III, Thoutmosis Ier, Thoutmosis III. Thoutmosis ler (XVIIIe dynastie) conquiert la Nubie de la 1ère  à la 6ème cataracte. La Nubie devient alors une province égyptienne avec à sa tête un gouverneur (cf. lettre de Champollion). Thoutmosis III fonde la ville de Napata au pied du Djebel Barkal.

 

Deffufa

      

Relations diplomatiques et commerciales entre la Nubie et l'Egypte

 

 

 

  7. Le royaume de NAPATA 1050-656 av. J.-C.

 

785-760 av. J.-C. : Alara

760-747 av. J.-C. : Kachta

747-716 av. J.-C. : Piankhi (Peye ?) -> conquête de l'Egypte : 25ème '' dynastie koushite. Renaissance de l'Egypte pharaonique. 716-656 av. J.-C. : Shabaka, Shabataka, Taharqa, Tanouétamani. Les Assyriens envahissent l'Egypte.

650-310 av. J.-C : Tanouetamani, Atlanersa, Senkamanisken, Anlamani, Irike.-Amanoté, Harisyotef, Nastasen.

Construction du temple d'Amon Ré (environ 600 m de long) au pied du Djebel Barkal

Nécropoles de El Kourrou et Nuri : pyramides comportant une chapelle.

 

                                              

Piankhi                                                                    Taharqua                                                                                                      Djebel Barkal

 

 

  8. Le royaume de MEROE

 

275-250 av. J.-C. : Arkamani. Déplacement de la nécropole royale de Nuri a Méroé plus au sud,

largement en amont de la 5ème cataracte.

250 av. J.-C. - 50ap. J.-C. : Arnekhamani, Adikhalamani, Arkamani II, Candace Shanadakheto, Tanéyidamani, Teriteqas, Candace Amanichakhéto, Natakamani, Candace Amanitore, Chorkarer.

Inscriptions méroïtiques de Naga, parmi les plus anciennes connues : sous le règne de la Candace Shanadakheto.

24 ap. J.-C., Méroé attaque Philae et Elephantine. Rome fait campagne contre Napata.

300 ap. J.-C., Campagne du royaume d'Axoum contre Méroé. Fin du royaume de Koush.

 

              

La Candace Shanadakheto                                                           Textes hiéroglyphiques et méroïtiques

 

 

                                       

                       Calice verre bleu peint et doré                                                     Terres cuites peintes                                

              250 à 300 av. J.C.                                                  1er au 3ème siècle av. J.C.

 

 

9. Christianisation de la Nubie : 540-580 ap. J.-C.

 

10. Islamisation de la Nubie : 642 ap. J.-C.

 

 

Bibliographie :

David N. Edvvards, The Nubian Past - An Archaeology of the Sudan, London, Routledge, 2004, cartes pp. 2 et 4.

Histoire générale de l'Afrique, ouvrage collectif, Paris, JA/Stock/UNESCO, 1980, tome II, cartes pp. 240 et 246.

Babacar Sall, "L'avènement des Candaces", Ankh n°3, juin 1994, pp. 68-81.

Aminata Sackho-Autissier, "Soudan Royaume du Nil", Archeologia, n° 331, février 1997, tableau p. 39.

Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981.

Babacar Sall, Les racines Ethiopiennes de l'Egypte ancienne, Paris, Khepera/L'Harmattan, 1999.

Bruce Williams, "A Prospectus for Exploring the Historical Essence of Ancient Nubia", Ankh n°6/7, 1997-1999, pp. 91-119.

Charles Bonnet, Dominique Valbelle, Des pharaons venus d'Afrique - La cachette de Kerma, Paris, Citadelles & Mazenod, 2005.

 

   

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